Du poisson ? Euh ... [Fraise]

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► DESTIN → OUI◄

Pourquoi une jeune femme irait-elle au marché à 6 heures du matin ? Pour combler son mari ? Sûrement pas. Pour combler ses enfants ? Encore moins. Alors pourquoi ? Parce qu’un patron le lui a demandé. Ce n’est pas comme si on l’utilisait, loin de là ! De toute façon, elle n’avait rien d’autre à faire, et la vision de Tokyo au petit matin est agréable … bon, d’accord. Le patron du bar d’Emily lui a demandé d’aller chercher des ingrédients aux aurores afin de créer quelques nouveaux cocktails spéciaux ! Le grand cœur qu’elle avait ne pouvait dire non, et bien sûr ce n’était pas compter comme des heures supplémentaires …

Un sourire aux lèvres, un panier bien garni de victuailles biologiques (constitué de quelques pommes, citrons, olives ou fraises…) en main, Emily arpentait joyeusement les passages sinueux du marché de Tsukiji. Malgré son statue d’étrangère au japon, elle s’était vite familiarisée ! Ce n’était pas si compliqué … à part peut-être le système des adresses qui était totalement différent de ce qu’elle avait déjà vu auparavant. En tout cas, malgré avoir dû demander son chemin à maintes reprises à plusieurs passant, elle s’était retrouvé sans encombre dans la grande ville de Tokyo !

Malgré l’heure, il y avait déjà pleins de monde qui s’arrachaient les différents produits à prix d’or ! Elle avait donc du mal à se trouver une place, déjà qu’elle était discrète … Pourtant, elle était la seule à ne pas porter de vêtements chauds –car aurore dit froid, et poissons frais disent glaçons. Ce matin-là, elle s’était habillé comme à l’accoutumé de vêtements simples : une chemise blanche, un pantalon avec des rayures verticales en imprimé. Pas besoin encore d’une veste pour sa modeste personne ! C’est en fait grâce à sa capacité d’élémentaliste qui lui offre ainsi la chance de se réchauffer grâce aux efforts fournis par elle-même et les personnes environnantes –le feu n’étant pas forcement synonymes de flammes, mais aussi de chaleur. Bref ! Emily cherchait donc avec insistance une petite place où il pourrait bien rester quelques gambas pour son patron …

IL EST FRAIS, IL EST FRAIS MON POISSON !
- IL EST FRAIS, ENCORE PLUS FRAIS MON POISSON !

C’était vraiment un joyeux spectacle, ces commerçants qui se battaient pour la fraîcheur d’un poisson ! Tiens, d’ailleurs et si elle s’en prenait un aussi, en plus des courses réservés à son bienheureux patron ? C’était une opportunité, demain ce ne serait sûrement pas le même poisson qu’elle retrouverait dans les étalages …

Mademoiselle, par ici, par ici !
- N’écoutez pas ce charlaton jolie dame, venez plutôt voir mes belles prises !
- De belles prises ça ?

- Pêchés ce matin, mon gars ! Si c’est pas de la première fraîcheur, ça !
- Laisse moi rire, ils doivent être aussi frais que ta carcasse !

Oh non, oh non, oh non … Etait ça l’esprit combattif d’un vrai marchand ? En tout cas, Emily préféra ne pas s’interposer et alla voir ailleurs pour ses gambas … à croire qu’elles étaient si bonnes qu’il n’y en avait plus.

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En ce beau matin, Fraise se trouvait au marché. Qu’est-ce qui aurait bien pu la pousser à aller s’y promener? Des fraises, sans doute! Il était évident que l’obsédée lutine cherchait à se procurer ses petits rubis fruités. Non? Non. Si elle aimait les fraises jusqu’à les adorer, Fraise n’en était pas moins consciente de sa santé et qu’il fallait manger varié pour ne pas se rendre malade. C’est donc vers six heures du matin (un peu plus tôt, à vrai dire) que la demoiselle s’était réveillé pour aller se chercher à manger. En vérité, c’était surtout pour échapper à un gros chat qui, lui, était bel et bien en train de se chercher à manger. Sa petite course-poursuite l’ayant mené près du marché, elle s’était dit qu’elle pourrait toujours y déjeuner, même s’il n’y faisait pas chaud.

Ainsi, la petite créature se promenait parmi les étalages de toutes sortes, en évitant précautionneusement ceux où l’on pouvait trouver des fraises, histoire de ne pas succomber à la tentation. Un peu de pain tout d’abord (volé, bien entendu), puis pourquoi pas des viandes froides? Malheureusement, les salamis et autres jambons se trouvaient bien cachés derrière de la vitre et Fraise aurait eu du mal à s’en prendre un ou deux sans se faire remarquer. Cherchant tout de même aux alentours de quoi l’aider dans son entreprise, la toujours aussi petite créature remarqua avec plaisir que les fruits de mer n’étaient pas aussi protégés. Certainement, le poisson doit être grillé avant d’être mangé, mais cela n’empêchait pas Fraise d’y avoir trouvé une utilité. Il lui semblait que les marchands ne s’appréciaient pas tellement dans le coin, à force de dénigrer la marchandise des autres. Cela aurait pu n’être qu’une sorte de jeu, mais si c’était vrai? En semant un peu de zizanie chez les poissonniers et un charcutier juste à côté, Fraise pourrait peut-être réussir à s’emparer de la viande sans qu’on ne la remarque. Elle irait donc s’emparer d’une marchandise (les gambas, pourquoi pas?) pour la replacer sur un autre étalage et ainsi commencer une bagarre. La jeune et minuscule femme se donnait bien du mal pour aucune raison, mais c’était dans sa nature, que voulez-vous? Fraise n’est pas du genre à abandonner, même quelque chose de ridicule.

Ainsi donc, le petit être mis son plan débile à exécution… ou essaya en tous cas. À peine s’était-elle emparé d’un reste de gambas au hasard (il y en avait assez pour qu’on remarque que c’était un vol, mais pas trop non plus pour que la lutine n’est pas tant de mal à tout transporter), que ses sens très aiguisés remarquèrent l’existence plutôt proche de fraises. Et biologiques, en plus! Fraise n’arriva pas à se contenir et, toujours aussi invisible au commun des mortels, en continuant de transporter ses gambas (elle en échappa deux à différents intervalles), elle se mit à la poursuite du sac. N’ayant pas eu trop de peine à le rejoindre, Fraise grimpa sur un étalage et se glissa aussi subtilement que possible dans le sac d’épicerie. Le sac en question était bien entendu celui contenant les fraises. Il appartenait en outre à une jeune femme prénommée Emily, bien que Fraise n’en soit pas au courant. L’arrivée d’une lutine, aussi invisible soit-elle, et d’un tas de gambas dans un sac d’épicerie est certain de l’alourdir. Ce fut le cas.

Au loin (ou pas tant que ça, en fait : plutôt à côté) on entendait un marchant crier qu’on lui avait voler ses gambas et les autres se moquer de lui.

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Les gens affluaient, l’animation était omniprésente tout comme l’odeur de poisson. Patiente, Emily arpentait toujours le marché à la recherche de gambas pour son patron (mais ça, vous le saviez déjà, donc je ne m’attarde pas trop). Non loin de là, si elle avait été un peu moins nonchalante, la jeune femme aurait pu trouver ce qu’elle cherchait tant depuis tout à l’heure ! Cependant un petit être invisible s’était mêlé de toute cette histoire, et pas vraiment pour le meilleur …

« M-MES GAMBAS … »

Ah ! Enfin le destin souriait-il à Emily ? Un marchand venait de crier le nom de sa marchandise, et ce sûrement pour que les clients sachent qu’il vendait de grosses crevettes tout comme le faisaient si bien les autres avec leurs poissons ! N’étant pas très grande et voulant voir où se trouvait le vendeur, l’anglaise déposa son sac par terre puis se mit sur la pointe des pieds en s’appuyant sur une table pour grandir d’au moins cinq centimètres.

« …QUI A VOLE MES GAMBAS !? AU VOLEUUUUR ! »

Oh non … Emily soupira devant cette injustice. Elle qui cherchait ces fruits de mer depuis un petit moment, voilà qu’un ennemi de la loi les vole ! Elle le retrouverait bien pour le placer devant la justice, mais il y avait bien trop de monde et aussi bien trop loin de la scène du crime. La jeune femme se résigna et repris alors son sac …étrange. Tout d’un coup, c’était comme si son sac avait prit du poids ? Son état d’esprit était si faible que sa force en pâtissait ? … non, c’est n’importe quoi comme théorie, ça … Emily voulut en avoir le cœur net et fouilla donc, et ce qu’elle trouva ne lui fit pas vraiment sourire.

« Oh my… »

Ses origines anglophones la poursuivirent alors qu’elle découvrait un intrus gris et visqueux au milieu de ses légumes : des gambas. Que faisaient-elles là ? Qui a bien pu les mettre là ? Et si … et si c’était le voleur ? C’était la seule solution plausible ! Le voleur a dû paniquer et voyant un sac sans surveillance : en profita. La malchance était vraiment avec elle, il fallait que ça tombe sur son sac, quoi ! Par précaution, elle fouilla un peu plus pour voir si rien ne lui manquait ou s’il y aurait autre chose en plus … non, rien d’anormal. Une seule idée lui traversa alors l’esprit : rendre les gambas volées. Il n’y avait que ça à faire de toute manière !

« Bon sang, si j’attrape ce …
- Arrête de faire cette tête, tu vas ressembler à ta marchandise !
- Vends plutôt tes moules moisies !
- Euh…excusez-moi monsieur ?
- QUOI !?
- Je crois avoir retrouvé vos gambas … »

Avec un charmant sourire, Emily sortit les grosses crevettes de son sac et les tendit au vendeur qui les reprit violemment :

« Comment t’as fait pour… C’EST TOI QUI LES A VOLÉES, HEIN !?
- Que…Comment ? »

Tel un animal sauvage, le vendeur de fruits de mer arracha le sac remplie de légumes et de fruits des mains de l’anglaise qui, surprise, ne put riposter. Soudainement, il le jeta au sol et allait l’écrabouiller de son pied ! Vive, Emily rebondit.

« Stop ! »

Mais il était trop tard …

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Oh! Les fraises étaient délicieuses! Juteuses et rouges à point, parfaites, délicieuses, mûres à souhait, exquises! Quel délice s'était! Tout en gigotant dans le sac, Fraise mangeait ses petits rubis fruités avec un grand bonheur. Le sac se souleva un peu et la lutine se reçut une pomme sur la tête qu'elle souleva sans trop de difficulté, les olives étaient un peu plus encombrantes, mais ce sont surtout les gambas qui l'énervaient... Ah! C'est vrai! Elle devait manger de la viande. Avec tout le chahut qu'elle entendait au dehors le moment devait être parfait pour aller se chercher un saucisson ou deux. Fraise laissa donc à regret et avec peine ses fraises pas encore toutes dévorées et sortit du sac. Ou plutôt essaya, elle n'arrivait pas à avoir une prise stable dans tous ces aliments!

Au dehors, elle entendait quelque peu le marchand et Emily discuter. Elle n'y prêta pas attention, bien trop occupée qu'elle était à empiler les gambas pour pouvoir sortir de sa prison, le tout en essayant de ne pas trop gigoter pour ne pas alarmer la propriétaire du sac de plastique. Si jamais elle se rendait compte qu'il y avait un truc aussi bizarre qu'elle, elle était faite! La tour de crevettes était presque terminée, mais la conversation d'Emily et du marchand en colère aussi. Ainsi, la jeune femme ramassa les gambas dans son sac et les tendit au marchand. Fraise, apeurée à l'idée de se faire remarquer se cacha sous le reste des fruits et attendit un peu, une fraise à la bouche.

Rien ne se pass— le sac se fit violemment arracher des mains d'Emily par celles du marchands. Fraise suivit le mouvement général en réprimant un cri, ne comprenant pas trop ce qu'il se passait. Son cri sortit finalement lorsque le marchand jeta le sac à terre, l'y faisant sortir. Elle regarda le marchand piétiner toute la nourriture, encore étourdie par le choc, puis se rendit compte avec effroi que les fraises était en péril! Retrouvant soudain son courage et surtout sa colère, la jeune Fraise courut se mettre sous les pieds de l'homme et en bloqua un premier coup, protégeant ainsi les fraises. Le marchand ne comprit pas trop ce qui se passait et tenta un autre coup, lui aussi était fâché. Mais Fraise était plus forte que lui physiquement et elle le souleva dans airs avant de le laisser s'écraser dans l'étalage d'à côté. Si le marchand n'était pas si lourd, il était plutôt déséquilibrant de le transporter et Fraise n'avait pas pu le garder en l'air. Le marchand tomba en couinant et échappa les gambas à côté.

- Ça t'apprendra à martyriser de pauvres fruits!

Rouge de colère (et de fraise) la lutine venait de crier sur le marchand très étonné, un peu assommé, sans remarquer que tout le bruit et la dispute avait attiré une foule autour d'eux. Lorsqu'elle remarqua finalement tous les gens alentours, elle voulut fuir en emmenant le sac avec elle (un citron et les fraises avaient survécu sans trop de problème, mais les olives étaient touchées à mort), malheureusement des gens s'étaient placés en cercle autour de la scène. Qu'à cela ne tienne! Fraise fonça dans une direction au hasard, tirant le sac derrière elle et essayant de passer.

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Emily n’avait rien compris. Pourquoi le marchand avait été violent avec elle alors qu’elle lui avait ramené son bien bénévolement ? Violent jusqu’à écraser les produits frais qu’elle avait prit la peine d’aller chercher aux aurores … Elle avait tenté de l’arrêter, bien sûr ! Mais la surprise avait rendu trop lent son mouvement et c’est donc hébétée que la jeune femme suivie la nouvelle scène : à peine le marchand avait-il écrasé le sac de fruits et légumes qu’un petit cri strident se fit entendre, mais le plus étonnant c’est que ce cri venait de son sac ! Emily était pourtant certaine qu’il n’y avait rien à l’intérieur mis à part les aliments biologiques … Alors que le vendeur de fruit de mer tentait une nouvelle fois de mettre en purée fruitée le sac de la cavalière, un éclair rouge fila sous son énorme chaussure déjà souillée de jus. Ne comprenant rien à ce qui lui arrivait, le marchand se vit faire un vol plané vers un étalage qui s’écrasa sous son poids. Pendant un instant, tous les regards se tournèrent vers le pauvre homme et la plupart de ses collègues de travail se mirent à rire à gorge déployée !

« Eh bien alors !? On arrive plus à tenir en équilibre ? »

Mais la vérité était ailleurs. Les personnes non loin de là s’était rapprochées et regardaient tour à tour le marchand dans les pommes et une espèce de poupée rouge qui se dressait sur le sac aux provisions écrasées qui, soudain, se mit à courir avec le dit sac ! Retrouvant enfin son esprit lucide, Emily se dit qu’elle ne pouvait pas laisser la drôle de petite créature partir comme ça ! Et puis … ça devait certainement être une créature magique et si quelqu’un d’autre qu’elle la retrouvait, elle allait avoir des problèmes ! Réfléchissant à toute vitesse à comment retrouver une si petite aiguille dans un si gros amas de foin, elle remarqua les gambas ; c’était sa dernière chance d’au moins rapporter quelque chose à son patron ! (oui, elle pense toujours à son pauvre patron …) Avec agilité, elle prit un sac en plastique et y mit les gambas, elle sortit ensuite un gros billet de sa poche et le fourra dans la main du marchand grognon qui commençait à se lever, encore plus rouge qu’une tomate bien mûre !

« Garder la monnaie ! »

Elle essaya de passer la foule, mais impossible ! Elle était bien trop épaisse de curieux et le temps pressait … de là où elle se trouvait elle entendait des cris :

« HIIII, Regardez ! Un sac vivant ! Et … du sang !
- Regarde maman, un sac qui bouge tout seul !
- Attrapons ce truc ! »

Bon, il n’y avait qu’une solution possible : détourner l’attention ! Et quoi de mieux qu’un petit incendie ? Emily sortit un briquet de sa poche et une petite flamme bleue en sortie, celle-ci s’envola vers une poutre et s’intensifia afin de brûler l’un des stands !

« AU FEU ! AU FEU ! De l’aide vite ! »

Des marchands essayèrent d’éteindre les flammes à coup de sceau d’eau, mais elles semblaient invincibles ! Vite, Emily se faufila dans la foule et essaya de suivre le parcours de la créature magique. Il y avait moins de monde, trop occupés sur le lieu de l’incident, elle s’autorisa donc à appeler l’être invisible :

« Eh oh ? Je ne te veux pas de mal, montre toi ! »

A quatre pattes, elle regardait sous les tables, salissant ses vêtements.