Condamné à vivre [ Alehandra ]

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La terre... Ses actes, aussi immoraux soient ils, ne méritaient en aucun cas un tel bannissement. Une condamnation à mort aurait été tout autant souhaitable. Du moins, une mort probable attendait Natsume. Peu habitué à vivre tel un humain et totalement démuni, son adaptation à Tokyo risque d'être difficile...

Quelle immonde disgrâce. Hormis le fait qu'il côtoierait de simples mortels, cette isolement représentait bien plus qu'une vulgaire punition. Une réelle menace planait au dessus de la tête blonde de Natsume : les descendantes Alehandra.

Exilées sur terre selon les désirs de leur père, elles pourraient profiter de ce retournement de situation pour assouvir leurs désirs de vengeance. Cette crainte est d'autant plus réelle pour l'ancien dieu, dans la mesure où la privation de ses pouvoirs le rendait aussi vulnérable qu'un mortel.

Quelle honte pour une divinité... Mais autre qu'une sensation de faiblesse, Natsume éprouvait des remords. Non pas qu'il regrette ses actions passées, il estimait aujourd'hui de mauvaise, son idée de restituer à ses filles leurs forces et leurs mémoires. S'il venait à recroiser ses enfants, il se retrouverait à leurs merci. La bonne nouvelle résidait dans le fait que son arrivée sur terre n'était pas arrivée jusqu'aux oreilles de ces dernières. Du moins, son présence ne fut pas aussi discrète que Natsume désirait.

Rancunière jusqu'aux bouts des ongles, son ancienne épouse prit l'initiative d'annoncer à ses filles le retour auprès d'elles de leur père. C'est avec difficulté que Natsume l'imaginait sourire sournoisement, après l'avoir jeté littéralement aux loups. Après avoir partagé de nombreuses décennies avec son épouse, Natsume la connaissait trop bien pour savoir qu'elle n'était pas de ce genre de femme. De nature fragile, l'époux infidèle et père indigne la voyait plutôt en larmes, bouleversée. Un véritable mystère...

Jeunes déesses. Excusez mon intrusion dans vos esprits, mais l'annonce que j'ai à vous faire risque fort de vous plaire. Sachez mesdemoiselles que votre père dévoué est venue vous rejoindre sur terre. Veuillez l'accueillir comme il se doit.

Désirant narguer Natsume, telle une gamine, elle partagea le message avec celui-ci. Le but était sans nul doute de lui rendre la vie dure.Après tout, en vue de la révélation récente de l'infidélité de Natsume et de ses mensonges, il était normal que la rage et le désir de vengeance aveuglent son ancienne compagne. Mais allant plus loin encore, elle lui accorda même une petite remarque personnelle.

Natsume mon amour. Profites de ton séjour pour prendre soin de nos filles. A présent, tu as tout le temps qu'il faut pour mieux les connaitre. Adieu Natsume...

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Sia marchait depuis des heures dans les rues de la ville en songeant a tout et a rien. S'arrêtant de temps en temps pour s'asseoir, elle n'avait rien a faire de sa journée. Quelque chose ou quelqun est disponible pour la distraire? La déesse s'assit pour la énième fois en soupirant. Pensant que sa journée serait ennuyeuse a souhait, le Destin en décida autrement; une voix s'incrusta dans sa tête. Sia, songeant que c'était encore un message de cette drôle de voix, ferma les yeux et se concentra pour éviter de s'évanouir a nouveau. Mais la voix était une voix de femme, tendre et adorable, quoiqu'un peu nargeuse:

-Jeunes déesses. Excusez mon intrusion dans vos esprits, mais l'annonce que j'ai à vous faire risque fort de vous plaire. Sachez mesdemoiselles que votre père dévoué est venue vous rejoindre sur terre. Veuillez l'accueillir comme il se doit.

La déesse se leva d'un bond. Elle avait reconnue cette voix et elle était perturbée par les paroles prononcées.

-Maman....

Soudain, Sia s'inquiéta. Et si elle l'avait retrouvée? Si c'était un piège? Depuis sa fugue, il y a cinquante ans, elle avait passé son temps a la recherche de ses soeurs. Si sa mère avait suivi tout ce qui s'était passé et qu'elle avait su qu'elle les avaient déja retrouvées toutes les deux?
La déesse ferma les yeux et respira lentement. Il fallait qu'elle se calme... mais peut être ce message était-il vrai après tout.... Si c'était le cas, il était de son devoir d'aller saluer son père. Il y avait tout de même quelque chose d'étrange... ce n'était pas du genre de Natsume Alehandra de descendre sur Terre sur un coup de tête... Il s'était forcément passé quelque chose...
Ouvrant les yeux, elle prit la direction de la rue principale du quartier. C'était bien beau tout ça mais elle ne savait pas OU se trouvait son père! Tokyo, c'était immense! Natsume pouvait se trouver dans n'importe quelle ruelle abbandonnée ou bâtiment public... Y avait-il un moyen pour retrouver un dieu perdu au beau milieu de Tokyo? Alors qu'elle songeait a toutes ses choses, Sia se cogna dans le dos d'un homme. Secouant sa tête, elle murmura:

-Désolée

Et s'apprêta a reprendre son chemin. Mais quelque chose l'arrêta. Une aura... une présence bien connue.... familiale même! Tournant sur elle même à la vitesse de l'éclair sacré, elle regarda l'homme qu'elle venait de heurter. Il était magnifique... et il était bien connu, en effet. Le hasard fait parfois bien les choses, au fond. Sia n'avait pas eu besoin de remuer toute la ville pour retrouver son père, il avait suffit qu'ele marche tête baissée et se cogne contre lui...
La déesse leva ses yeux vers ceux de son père et le fixa quelques instant. La lumière du soleil éclairait le dos de Sia et on pouvait voir l'éclat de ses cheveux argentés. Un véritable visage d'ange, en effet... sur une déesse. Elle observa encore quelques temps Natsume puis s'incligna, comme tous japonais bien élevé le fait lorsqu'il revoir quelqun après bien longtemps. Et les paroles qui vont avec, bien entendu:

-Contente de te revoir, papa. Comment vas-tu?

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Dans ces ruelles bondées d'inintéressants mortels, ne formant qu'une masse immonde, il en fallait bien un pour bousculer Natsume. Dans sa bonté légendaire, le réprouvé tenta de faire preuve de retenue, n'assassinant pas le trouble fait. Ou plutôt, la trouble faite. La voix féminine gênée ne pouvait appartenir qu'à une jeune fille. Rien d'anormal en soit. Mais un doute s'installa chez Natsume. Cette voix familière. Il la connaissait que trop bien et c'est en se retournant qu'il en eut la confirmation. Il s'agissait bien de la voix d'une de ses filles, mais laquelle... Il fut toutefois rassuré de voir qu'il s'agissait de la plus jeune des Alehandra : Sia. Il lâcha un soupire de soulagement lorsqu'il la vit s'incliner face à lui et le saluer. Hochant de la tête, il lui répondit d'une voix calme.

Certainement la plus respectueuse de mes filles. Du moins, lorsque tu ne nous plonges pas, ta mère et moi, dans un long sommeil, pour couvrir ta fuite... Sia.
Dis moi, trouves tu normal que je doive descendre sur terre pour être certain que mes filles se portent bien ? Non certainement pas... Alors maintenant répond moi, comment vas tu ma déesse ?

Son long discours, en apparence rude et vindicatif, n'était en fait qu'une facette. En soit, Natsume s'était certes montrer négligent à de nombreuses reprises, mais jamais dur. Par contre son hypocrisie était sans bornes. Il ne dévoilerait jamais à ses filles son bannissement, préférant créer une histoire de toute pièce.
En attendant, la présence d'un membre de sa famille lui fit oublier tout sentiment de solitude. Il se permit même un geste affectif. Même si le fait de caresser et ébouriffer les cheveux de sa fille n'était rien pour tout père, cela était déjà beaucoup pour Natsume.

Depuis ton départ, mes rêves sont bien moins agréables... Pourquoi as tu quitté la maison ? Nous n'avons jamais su la raison de ta fugue...
Enfin ne parlons pas de ça ici, nous pourrions trouver un endroit plus confortable?

Son bannissement avait en soit un aspect positif. A présent, il pouvait se rapprocher de ses filles. Du moins, il avait l'intention de s'occuper de Sia. Le reste de la famille ne promettait de ne pas être aussi accueillant que la plus jeune. Natsume attrapa la main de Sia, attendant qu'elle le guide.

Je ne connais pas assez cette ville pour servir de guide, veux tu t'en charger?

Invité

Sia releva son visage et fixa son père un long moment.

-Certainement la plus respectueuse de mes filles. Du moins, lorsque tu ne nous plonges pas, ta mère et moi, dans un long sommeil, pour couvrir ta fuite... Sia.
Dis moi, trouves tu normal que je doive descendre sur terre pour être certain que mes filles se portent bien ? Non certainement pas... Alors maintenant répond moi, comment vas tu ma déesse ?

Aux premiers mots prononcés, la déesse se sentit gênée et eut peur d'être punie. A la suite, elle passa de l'éttonnement a la suspicion. Que voulait-il dire? Il était absolument impossible que Natsume Alehandra soit descendu sur Terre pour les voir. C'était inenvisageable de sa part. Remettant ces pensées a plus tard, Sia repondit poliment.

-Je vais bien, merci.

C'est alors que le père ébouriffa les cheveux de la fille. Geste anodin, certes, mais inconnu de Sia. Ce qui valut aux yeux de la jeune fille de s'assombrir encore un peu. C'était trop étrange... tout chez son père avait changé, a tel point qu'elle commencait a douter de son identité. Mais elle n'eut pas le temps de douter plus que ça car son père recommenca a parler:

-Depuis ton départ, mes rêves sont bien moins agréables... Pourquoi as tu quitté la maison ? Nous n'avons jamais su la raison de ta fugue...
Enfin ne parlons pas de ça ici, nous pourrions trouver un endroit plus confortable?

La déesse des rêves releva la tête et reprit son air morne habituel. Oui, après tout, elle était en face de son père, qu'elle le veuille ou non et en cinquantes ans, c'était normal qu'il ait changé. Sa main glissa dans celle de Natsume sans même qu'elle s'en rende compte. Reprenant son habitude je-m'en-foutiste, elle marcha un petit moment et arriva devant un banc. Ou était-elle? Elle ne le savais pas elle-même. Le sens de l'orientation de Sia était infaillible mais elle avait tendance a prendre le chemin du hasard.
S'asseyant, elle se décala pour laisser la place a son père. Le grand Dieu n'était plus celui d'avant, apparemment. Quelque chose troublait son esprit et la déesse le sentait. Mais elle avait horreur des choses trop compliquées et s'ennuyait vite. Non, qu'elle soit bête au contraire, mais elle n'aimait pas être concernée dans une chose qui pouvait vite devenir ennuyeuse. Néammoins, voyons son père si troublé, elle posa LA question. Franche, comme d'habitude, et qui ferait surement mal mais elle avait le mérite d'être complète:

-Que c'est-il passé avec maman? Elle a découvert quelque chose?

En effet, Sia c'était toujours doutée que Natsume avait trompé sa mère et qu'il avait fait bien d'autres choses horribles. Bien qu'elle ne connaissait pas les détails, évidemment...